Les bidouillages de la série 221 21xx

Dans mon précédent article j’ai détaillé dans les grandes lignes les différents circuits d’essence des sahariennes 6 Volts et 24 Volts. Je vais aujourd’hui analyser 4 photos de 4 Jeep 24 Volts différentes, de la série 221 21xx, et qui toutes ont un point commun concernant leur circuit d’essence.

Voici ces Jeep, il s’agit de la 221 2130, de la 221 2136 et de la 221 217x attachées au 3ème G.T., ainsi que de la 221 2162 attachée à la Légion Étrangère.

Analysons d’abord la plus évidente, à savoir la Jeep 221 2136 du Lieutenant-Colonel Sichler (ça tombe bien, c’est celle que je tente de reproduire). Si l’on observe l’intérieur de l’aile avant gauche, on constate la présence d’un filtre à essence du même type que le filtre à essence standard d’une Jeep normale. On distingue aussi parfaitement une durite arrondie partant vers l’intérieur de la caisse.

J’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’un bidouillage isolé sur la Jeep Sichler, mais on trouve la même installation sur la Jeep 221 2130. Ici, la forme est différente, et j’hésite entre un filtre à essence ou une pompe à essence électrique.

Seule certitude, s’il s’agit d’un filtre, ce n’est pas un filtre standard de Jeep. S’il s’agit d’une pompe électrique, ce n’est pas non plus le modèle standard Autopulse.

Sur la Jeep 221 217x, on retrouve le même filtre que sur la 221 2136, mais placé un peu plus en avant dans l’aile.

On est donc face à une modification non-improvisée des circuits d’essence effectuée en unité, à savoir au 3ème G.T…

Mais quid de la Jeep 221 2162 ? Ici, c’est moins évident parce qu’on ne distingue pas de filtre. Par contre, on voit clairement sur la photo une durite partant de l’endroit du collecteur des 2 réservoirs et allant vers l’intérieur de l’aile. On peut donc penser qu’elle sert à relier un filtre ou une pompe à essence sans passer par l’emplacement normal le long du châssis à hauteur de la pédale d’embrayage.

Essayons maintenant de comprendre les raisons de ces modifications. Rappelez-vous qu’il existe 2 circuits d’essence en parallèle, le principal qui alimente le moteur via la pompe à essence mécanique, et le secondaire qui alimente le moteur via la pompe à essence Autopulse électrique et qui n’est à utiliser qu’en cas de vapor Lock ou de déficience de la pompe mécanique. Ce schéma des Jeep Sahara 24V est présenté sur le dessin suivant :

Tout d’abord, qu’a-t-on voulu faire ? J’émets plusieurs hypothèses. Les 2 premières concernent une modification du circuit principal d’essence (pompe mécanique). La suivante, le circuit secondaire (pompe Autopulse)

Hypothèse 1 : Le filtre à essence du circuit principal est déplacé de l’intérieur du capot, de sa position standard sur le tablier avant gauche, vers l’intérieur de l’aile. Cette hypothèse ne me plait pas trop parce que je ne vois pas la raison de déplacer ce filtre d’un endroit pratique et protégé vers un endroit finalement assez exposé.

Hypothèse 2 : Un deuxième filtre à essence est placé en série sur le circuit d’essence principal, pour augmenter l’efficacité de filtrage. On pourrait penser que l’essence et les réservoirs sont fort contaminés (poussières, sable) et qu’afin d’augmenter le filtrage on place un deuxième filtre. Cette hypothèse ne me plait pas trop non plus parce qu’un filtre est sensé filtrer suffisamment et ne pas laisser passer de crasses. S’il est bouché, il bloquera de toute façon l’arrivée d’essence au 2ème filtre. Cela n’apporte rien.

Hypothèse 3 : On rencontre des problèmes avec le circuit d’essence secondaire. Par exemple, le filtre standard (voir photo) est trop petit et se bouche trop vite. De plus, son emplacement derrière le carénage ne rend pas pratique les opérations de nettoyage. J’ajouterais que le montage de la pompe à essence et du filtre, derrière ce carénage, de part et d’autres de la pédale d’embrayage, n’est en rien pratique. Sur le châssis, on ne trouve que des points d’attache pour le carénage, donc la pompe et le filtre devaient être attachés directement sur le carénage. Pas pratique pour un sous.

Dès lors, on déplace le filtre à essence et on en prend un plus gros, et autant prendre ce que l’on a, à savoir un filtre standard de Jeep. La pompe à essence devant être placée en aval du filtre, elle quitte également son emplacement le long du châssis et se retrouve probablement dans le compartiment moteur, de l’autre côté de l’intérieur de l’aile. Cette hypothèse est celle que je retiendrai malgré à nouveau un manque de preuves et aucunes certitudes.

On se retrouve alors avec le circuit d’essence suivant :

Par contre, ces modifications sur le circuit secondaire montrent qu’il a quand même un intérêt non négligeable et me font penser que peut-être il n’était pas si secondaire que cela et qu’il a probablement été employé plus que pour se prévenir des vapor lock. Pour le démarrage par exemple, pourquoi encore aller pomper manuellement à la pompe mécanique pour alimenter un carbu trop aride quand un simple bouton sur le tableau de bord permet de le faire ? Et pourquoi attendre que la Jeep tousse et s’essouffle pour brancher la pompe électrique si son utilisation continue permet d’avoir un moteur qui tourne parfaitement en toutes circonstances ? Et si on l’utilise plus, le petit filtre d’origine ne suffit plus et donc on place un nouveau filtre plus important ce qui en définitive oblige de modifier tout le montage. C’est en contradiction avec le manuel d’utilisation, mais la théorie n’a souvent rien à voir avec la pratique.

Je terminerai avec la Jeep 221 2130, sur laquelle j’hésite entre un filtre et une pompe à essence. S’il s’agit d’une pompe censée remplacer la pompe Autopulse, sa taille plus grande et différente l’empêchant de se placer sur le carénage le long du châssis, elle a simplement été déplacée à l’intérieur de l’aile. La durite noire bien visible qui va vers l’arrière de la roue pourrait être connectée au carbu. Ou, autre hypothèse, cette durite est connectée à un filtre non visible sur la photo, derrière le pneu. La position du filtre en avant par rapport à la pompe n’empêche pas d’avoir la pompe en aval du filtre dans le montage. On va en avant, on revient en arrière, pour repartir en avant. Si tu avances, quand je recule, comment veux-tu, comment veux-tu que je… Pardon, je m’égare !!!

Si un de mes nombreux lecteurs ( :-D) a un avis sur la question, qu’il n’hésite pas à me le faire parvenir !

Je terminerai en disant que ces petits bidouillages d’unités m’inspirent assez (et visiblement je ne suis pas le seul) et donc je vais les reproduire à terme sur ma jolie Saharienne.

A+

Big One

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