Je vais analyser aujourd’hui les détails d’une Jeep saharienne afin de mettre en évidence les nombreuses adaptations que pouvait subir un tel véhicule en unité.
Pour ce faire je m’attarde sur la Jeep 221 2130 dont il existe 2 photos identifiées prises à Reggan en 1966 au sein du 3ème GT, la première prise par Jean-Claude Balségur, et la seconde par Christian Watteau. Certains détails de ces 2 photos ont déjà été mis en évidence sur le site www.hotchkissm201.fr, je vais essayer d’aller un petit peu plus loin.
Les 2 cocardes sur le pare-brise confirment que cette Jeep fait partie du 3ème Groupe de Transport. On identifie un as de trèfle sur la cocarde gauche ainsi que sur le pare-chocs arrière droit. La couleur de ce trèfle indique la compagnie. S’il est bleu il s’agit de la 1ère compagnie, s’il est rouge, de la 2ème. L’as indique le peloton : As de cœur, 1er peloton ; as de carreau, 2ème peloton ; as de trèfle, 3ème peloton.
J’aurais tendance à dire que le trèfle est bleu, il s’agit donc d’une Jeep du 3ème Peloton de la 1ère Compagnie.
Continuons l’analyse et détaillons tout ce qui n’est pas standard.
Tout d’abord, sur la première photo, on constate que les 2 pneus arrière sont des militari avec un diamètre inférieur au pneu avant donc probablement des 6,00×16. A noter que sur la 2ème photo, la Jeep est montée avec des Michelin XC standard à l’arrière.
Ensuite, les sièges. On constate sur les 2 photos que le dossier de la banquette arrière est noir. Le siège avant possède quant à lui un dossier plus grand que le dossier de la Jeep. On le voit très bien dépasser sur les 2 photos. Il est brun et on dirait du skaï. Il me fait penser de par sa hauteur à un siège de CJ3B (je veux dire d’une JH102, toutes mes excuses…) qui aurait été rajouté sur le siège nu de la Jeep. L’assise semble assez épaisse. Visiblement, certains conducteurs avaient besoin de confort.
A noter qu’on distingue le même siège sur la photo suivante prise par Jean-Jacques Painchart :
Ainsi que sur la photo suivante de Robert Martin:
Sur la pub suivante on distingue bien les sièges de CJ3B, dont le dossier est plus haut. Mais je n’ai pas de certitude.
La Jeep est équipée d’un grand rétroviseur central.
Son rétroviseur latéral est assez remarquable. Il est noir et possède une forme proche des rétroviseurs des derniers modèles de M201 à une époque où ce modèle n’est pas encore disponible. Il a donc été pris sur un autre véhicule. Il est plus grand que le rétroviseur standard rond et offre donc une bien meilleure vue arrière.
Ensuite, dernier élément assez remarquable sur lequel je reviendrai en détail dans un article prochain, la présence d’une pompe à essence électrique ou d’un filtre à essence sous l’aile avant gauche, ce qui sous-entend que la pompe originale Autopulse et le filtre à essence situés sur le châssis à hauteur de la pédale ont été remplacés.
Je ne dirai rien du phare de black-out qui n’est pas présent car c’est le cas sur toutes les sahariennes 24V.
Enfin, la plaque arrière a été repeinte à main levée, et probablement par la même personne qui a repeint la plaque de la Jeep du Lieutenant-Colonel Sichler :
Voilà, en conclusion on constate que les Jeep sont des véhicules qu’on adapte à ses besoins, que ce soit d’un point de vue mécanique, ou d’un point de vue pratique. La perfection n’existe pas et ce sont tous ces bidouillages qui rendent le véhicule sympathique.
Et tant que je parle de perfection, cela me permet d’aborder un autre sujet : Ayant repeint ma Jeep, j’ai reçu un commentaire assez cinglant d’un pensionné passionné : « elle ne fait pas un peu trop neuve ?? » Et oui, je ne peux qu’acquiescer… J’ai toujours été contre les Jeep trop blinquantes, plus belles qu’à leur sortie d’usine, qu’on n’ose pas faire rouler dans une flaque de peur de les tâcher.
Je vais pour illustrer mon propos prendre l’exemple d’un modèle que j’apprécie particulièrement mais dont les belles rénovations sont difficiles à trouver : les Jeep SAS.
Voici quelques photos trouvées sur Internet, et l’on ne peut que s’incliner de respect devant le travail accompli et la méticulosité des gens qui ont travaillé dessus. Je suppose aussi que tout est d’origine. Vraiment un boulot impressionnant. Rien à dire.
Je suis d’autant plus respectueux que je suis totalement incapable de fournir un travail aussi soigneux.
La palme des sur-rénovations SAS revient à celle-ci, dont je vous mets le site en lien :
http://www.jeanluc-couesme.com/jeep-sas.htm
Tout est trop parfait, des points de graissage au casque allemand totalement improbable. Elle est tellement neuve et brillante que jamais le Commandant Stirling n’aurait osé l’utiliser pour attaquer un dépot de fuel allemand à 600 km derrière les lignes dans le désert Lybien. Mais ça n’a juste rien à voir avec une Jeep SAS, car pour moi, une Jeep SAS, c’est ça :
Ou ça
Ça doit être sale, poussiéreux ou boueux, plein de coups et de griffes, souvent les 4 pneus ne sont pas les mêmes, il y a des traces d’huiles, les jerricans sont rouillés et cabossés, l’équipement est dépareillé, plusieurs teintes de couleurs sont présentes… On a l’impression qu’elle va s’effondrer, mais elle roule encore et toujours!
En 1 mot, trop de rénovation tue la rénovation.
Partant de ce constat et suite à la remarque faite sur ma Jeep, j’ai donc décidé de légèrement accélérer le vieillissement visuel de ma Jeep : Il faut la salir. Il faut qu’elle ait vécu.
Pour ce faire, ce matin, j’ai été chercher des sacs de terreau chez Mr Bricolage (si ils se percent, c’est encore mieux).
Pour patiner un peu la peinture, rien de tel qu’un peu de sable du bac des enfants dans la caisse.
L’après-midi, en route pour la déchetterie.
Et en cas d’averse, on laisse le véhicule un peu se rafraichir et espérant que la pluie dépose des poussières sahariennes ce qui permettrait à ma Jeep de revêtir un voile de sable du Tanezrouft !!
Ce n’est pas encore parfait, mais on est sur la bonne voie !
A+