Les 1ères Jeep sahariennes sont sorties des usines Hotchkiss en 1959 et ont ensuite été envoyées en unités dans les bases du désert. Cela ne veut évidemment pas dire qu’il n’y avait pas de Jeep dans le désert avant. Nous allons donc aborder aujourd’hui les Jeep que j’appellerai « pré-sahariennes », à savoir des Willys et des Hotchkiss légèrement modifiées pour l’utilisation dans le désert.
Ces Jeep seront d’ailleurs employées en parallèle des sahariennes jusqu’à la fin de l’aventure française en AFN. Cette dénomination de « pré-saharienne » est tout à fait personnelle, et nous sommes bien d’accord que les véhicules présentés sont tout à fait standard, mis à part quelques détails. Par contre, c’est l’expérience acquise par l’utilisation de ces Jeep dans ce milieu hostile qui détermina les modifications à apporter pour la création des M201 « Sahara ».
Un convoi de Dodge précédé de 2 Jeep, Willys ou Hotchkiss.
La première adaptation est liée au camouflage. C’est évidemment la peinture des véhicules qui est beige. Les teintes peuvent varier fortement comme par exemple pour cette Willys, si l’on compare au beige du Dodge en arrière-plan.
Elles possèdent en général la capote modèle Sahara, de couleur brune ou marron, avec sa fenêtre en mica et son cerclage métallique noir.
Toutes ces Jeep sont équipées des Michelin XC radiaux. Ceci annonce déjà les montures des Jeep Sahara. Toutefois, j’ai l’impression que sur certaines photos les pneus sont moins grands ce qui sous-entend que des Jeep aient été montées en 6.00 x 16 et pas en 6.50 x 16, comme sur les sahariennes.
Pour faciliter les franchissements, les Jeep sont parfois équipées d’échelle de désensablement, comme sur la photo suivante. Les échelles sont fixées sur le pare-chocs avant, tout comme sur les Jeep Sahara du 3ème GT plus tard. Never change a winning team…
Les Jeep sont fortement sensibles à la chaleur et au vapour lock. Sur les futurs modèles Sahara, le circuit d’essence dédoublé et la pompe électrique Autopulse sont censés diminuer le problème. Sur les « pré-sahariennes » malheureusement on tombe souvent en panne, comme sur cette photo montrant un groupe s’affairant autour d’une Jeep Willys en rade. La personne au milieu verse du liquide sur le carbu, dans le but de le refroidir.
D’ailleurs dès qu’elles sont à l’arrêt, on ouvre le capot pour refroidir le moteur.
Parmi toutes les photos de Jeep « pré-sahariennes » que j’ai pu trouver, l’une d’elle m’a marqué plus que les autres. Il s’agit de la Jeep Hotchkiss M201 031 448 de 1959 du service météo des armées. Ces photos proviennent du site du 3ème Groupe de Transport sur la page de Jean-Marie Laporte.
En guise de reconnaissance, un placard marqué METEO est collé sur le dessous du pare-brise.
C’est une Jeep militaire, et donc elle garde ses marquages militaires, comme la grenade avec le 1, sur le côté.
On distingue en bas à droite du pare-brise l’inscription ANTIGEL en lettre rouge. Cela veut dire que la Jeep est traitée contre les températures négatives : et oui, il peut geler la nuit dans le désert.
ANTIGEL : vue de l’intérieur de la Jeep, lors d’une « chasse à la gazelle ».
Il n’y a pas encore de réservoir d’eau installé entre les 2 sièges avant. Qu’à cela ne tienne, on utilise les méthodes éprouvées par les Touaregs, les vrais habitants du désert. Une outre en peau de chèvre, la guerba, est attachée sur la caisse. Elle permet à l’eau de rester fraiche. J’ai vu des photos de Dodge de la Légion utilisant le même procédé.
Une constante sur toutes ces photos, la joie de vivre et les vues magnifiques. Je vous recommande de lire le parcours saharien de Jean-Marie Laporte sur le site du 3ème Groupe de Transport (http://www.3emegroupedetransport.com/LAPORTEJeanMarie.htm). Les photos sont superbes. Les paysages époustouflants.
En écrivant cet article j’ai voulu contacter Jean-Marie Laporte via son adresse e-mail disponible sur le site du 3ème GT et ce afin d’obtenir quelques infos complémentaires, voir des photos inédites. Malheureusement il est décédé le 18 mars dernier, il y a 12 jours seulement. Je suis certain qu’il a emmené avec lui tous les magnifiques paysages qu’il a dû voir durant sa vie extraordinaire.
A+