Au printemps 1964, le maréchal-des-logis-chef Ludovic Cruchot est muté dans le sud de la France et c’est en partie grâce à une Jeep Hotchkiss, qu’aidé de ses collègues Fougasse, Merlot, Tricard et Berlicot, il s’attaquera au vice qui ronge les plages de la cité balnéaire de Saint-Tropez pour la plus grande satisfaction de l’adjudant-chef Gerber.
Et c’est à bord du même véhicule, mais comme vous vous en doutez légèrement modifié pour supporter les conditions extrêmes, que la gendarmerie nationale exécute sa mission de maintien de l’ordre dans les immensités du Sahara.
Car oui, la gendarmerie est bien présente au Sahara. Elle est initialement basée à Alger, puis en 1961 elle se déplace à Reggan et devient le GAGS (Groupement Autonome de Gendarmerie du Sahara).
Baraque Fillod de la Gendarmerie Nationale à Reggan: une Jeep et une 2CV sont garées à l’ombre.
Et petit zoom sur la Jeep :
Elle est subdivisée en 22 brigades réparties dans les différents oasis.
Photo Gendarmerie Nationale à in Ecker
Pour leur déplacement les Gendarmes utilisent des Jeep Sahara. Voici une photo de 2 Jeep 6V entourées de Gendarmes.
Notons la tenue des gendarmes qui portent quasi toujours la Kachabia (voir l’article « Mode Saharienne ») et le képi noir. Les Jeep sont équipées de radios ANRGC9, et les antennes arborent un fanion rouge, probablement de reconnaissance.
La mission de la gendarmerie est simple : maintien de l’ordre. Mais avec la particularité d’opérer dans un territoire immense et hostile.
Analysons maintenant quelques photos de Jeep utilisées par la Gendarmerie.
Les 2 premières photos montrent la Jeep 24V 211 4087 de 1961.
Il s’agit d’une Jeep de la gendarmerie prévôtale, ce qui est indiqué sur le pare-brise en blanc sur fond noir.
La gendarmerie prévôtale fait partie de la gendarmerie nationale et a pour mission la police judiciaire militaire pour les forces stationnées hors de France.
J’ai trouvé des Jeep non-sahariennes de la prévôté ayant le même marquage, mais sur un fond bleu foncé. Mais à l’analyse des 2 photos précédentes, il n’y a pas de doutes sur la couleur noir.
Il est intéressant de noter d’ailleurs que ce pare-brise ne possède pas de phares Auteroche, c’est donc un pare-brise de Hotchkiss standard.
Autre détail dans les marquages, le parechoc est peint tout à fait en noir, sauf à ses extrémités blanches évidemment.
Voici 3 autres photos de Jeep de la gendarmerie. Elles proviennent de la page de Jean-Marie Laporte, dont je vous avais déjà parlé dans l’article « les pré-sahariennes ». Elles ont été prises lors d’une excursion dans le Tefedest, chaine montagneuse au nord du massif du Hoggar et où on trouve des peintures rupestres. Lors de cette excursion, Jean-Marie Laporte est accompagné d’amis gendarmes qui se déplacent dans leur saharienne de fonction. Les photos ne sont malheureusement pas très nette, mais suffisamment pour pointer quelques détails :
Sur cette première photo, prise de derrière, on constate la présence du phare de blackout sur l’aile avant gauche, il s’agit donc certainement d’une Jeep 6V. On distingue un carré sur le parechoc arrière gauche, c’est un marquage de la gendarmerie, nous y reviendrons dans mon prochain article.
Sur cette 2ème photo, la Jeep se trouve bloquée sur un rocher. En analysant l’aile avant droite, on confirme qu’il s’agit d’une Jeep 6V. Il y a une indication sur le panneau du pare-brise, mais elle est malheureusement illisible. Toutefois, on voit des inscriptions probablement rouges sur un fond blanc.
Dernier point remarquable de cette Jeep : les pneus. Elle n’est en effet pas équipée des Michelin XC, mais d’un profil tout terrain.
En faisant des recherches sur les différents pneus utilisés sur les Jeep, je trouve que le profil se rapproche des Dunlop T28.
Enfin, il existe une dernière photo de cette Jeep, prise à l’entrée d’un petit défilé :
C’est tout pour aujourd’hui, et je continuerai dans mon prochain article l’analyse de ces Jeep de la gendarmerie.
À suivre et… A+